l'éducation à la propreté
L'ÉDUCATION À LA PROPRETÉ, par Gérard MULLER, docteur vétérinaire
Le premier but de l'éducation du chiot est la propreté. Pour nombre d'éleveurs, cet apprentissage se fait facilement. Pourtant il est classique de trouver des gens qui éprouvent des difficultés à atteindre cet objectif primordial et à l'heure où les ventes s'accompagnent de plus en plus d'une aide technique offerte, les conseils sur la façon d'enseigner la propreté à un chiot sont précieux et très appréciés. L'éleveur doit non seulement donner des bons conseils, mais aussi, en tant que spécialiste du chien, être capable d'analyser les causes d'échecs et de proposer des solutions concrètes. Un chien qui apprend vite à être propre, sera toujours considéré comme intelligent et son éleveur sera recommandé aux amis.
BASES PHYSIOLOGIQUES ET ÉTHOLOGIQUES
A l'inverse du chat, le chiot qui arrive à la
maison n'est généralement pas propre, Il sait tout juste ne pas faire ses
besoins dans le « nid », qui sera souvent assimilé au lieu de couchage et ses
environs immédiats (un chiot qui ne se lève pas pour faire ses besoins et
souille son panier, doit être considéré comme anormal), La propreté telle que
nous la concevons ne peut résulter que d'une patiente éducation.
Pourtant, même s'il ne sait pas grand chose, ce chiot a déjà acquis des
habitudes et va chercher à faire ses besoins sur un support connu (celui qu'il
rencontrait à l'élevage), Il recherchera des odeurs initiatives (traces d'urine
et de fèces). Pour enseigner à ce chiot ce que nous attendons de lui, nous
devons guider ses dispositions naturelles et le récompenser à chaque succès ;
la méthode punitive n'est pas la plus efficace. Quelques notions importantes
méritent d'être détaillées.
Un comportement se décompose en trois phases:
• une phase appétitive,
• une phase consommatoire,
• une phase de retour à l'équilibre,
Chaque phase entraîne la suivante.
Le comportement de miction commence par une recherche olfactive du lieu
d'émission, puis vient l'élimination et enfin, la dernière phase se caractérise
par une vérification olfactive de la trace laissée. Une punition est un
processus aversif destiné à entraîner l'interruption d'une séquence
comportementale et à diminuer la probabilité de production de cette séquence.
Pour être efficace, cette punition doit intervenir en début de phase
appétitive.
Une récompense est un processus agréable destiné à renforcer la probabilité de
production d'une séquence comportemental., Pour être efficace, cette récompense
doit être donnée une fois la séquence complète achevée, sous peine de voir le
comportement amputé par la suite, Cette récompense ne peut être différée, même
de quelques instants.
On constate donc, en ce qui concerne la propreté, que la sanction, pour être
pertinente, doit intervenir avant l'émission d'urine ou de fèces, Cela est en
pratique très difficile à réaliser.
Remarquons que récompense et punition ne fonctionnent que par association avec
un comportement. Un chien puni quand il fait sur le tapis, associera punition
et miction, miction et maître et apprendra à faire en l'absence dudit maître
mais il est peu probable qu'il associe la punition au tapis. A l'inverse en
recherchant à reproduire le comportement qui entraîne une récompense, il
essaiera d'impliquer son maître.
Enfin, il faut souligner que la punition peut entraîner des inhibitions et de
l'évitement. Au contraire, la récompense provoque une stimulation. Le chien
récompensé fait des essais jusqu'à trouver la situation qui engendre la
récompense. Il est dynamique et recherche à impliquer son maître.
LA BONNE MÉTHODE D'ÉDUCATION
En s'appuyant sur les quelques remarques
précédentes, il est possible de décrire une méthode d'apprentissage.
Quand le chiot mène une vie régulière, il fait à peu près toujours ses besoins
au même moment : « réveil, activité, pipi ; repas, activité, pipi ». Le
propriétaire attentif saura rapidement repérer ces instants et sortir son
animal au moment opportun, pour le conduire à l'endroit choisi.
Il est nécessaire que cet endroit ait été préalablement défini avec soin ; il
faut que le chien y retrouve ses odeurs. Là, le maître attendra que les
mictions et défécations se produisent et récompensera celles-ci, en fin de
séquence et comme deux comportements séparés. Il faut bien sûr ne pas rentrer
immédiatement le pipi fait, la sortie étant souvent pour l'animal un moment de
plaisir, la fin de celle-ci peut être perçue comme une punition. De même, le
maître doit obligatoirement attendre que le chien se soulage avant de rentrer.
Bien sûr, ce qui est vrai en théorie sera souvent délicat à réaliser. Les
premières fois le maître doit attendre longtemps, le chiot est effrayé, il
n'est pas habitué à la rue et cherche d'abord à explorer. Il a besoin de
retrouver des odeurs connues et il faut être patient. Avec le concours de
l'éleveur, il est possible d'utiliser le support auquel il est habitué :
quelques pincées de copeaux ou un fragment de journal seront souvent utiles
pour déclencher les premiers pipis.
Tous les détails ont là beaucoup d'importance, Il faut s'assurer que la
récompense est systématique (en début d'apprentissage), immédiate et adaptée.
Rappelons que cette récompense ne doit pas être néfaste (sucre) et qu'une
caresse convient parfaitement si celle-ci est réellement démonstrative. Les
grands discours sont souvent perturbateurs et incompréhensibles pour le chiot.
En revanche, un grand sourire et une vraie caresse douce et chaleureuse sont
toujours sans équivoque. Il est important que cette récompense soit donnée
sitôt l'élimination terminée ; il faut laisser le chien finir et renifler ses
déjections puis le féliciter immédiatement. De nombreux maîtres pensent qu'il
est utile de donner une récompense, en rentrant, quand le chien a fait ses
besoins. Cette récompense tardive n'est pas adaptée.
Enfin soulignons le caractère dynamique de cet apprentissage. Le maîre doit
être présent à côté de son chien. Bien des maîtres répugnent à accompagner leur
chiot et le laissent apprendre à s'isoler. Le chien fait alors au fond du
jardin ou sur la pelouse du parc et le maître se contente d'attendre. Dans ces
cas, la récompense ne peut pas tomber au bon moment etle contrôle du lieu ne
peut pas être précis.
Il est nécessaire de sortir le chiot souvent ; il n'est en effet pas capable de
se retenir plus de cinq ou six heures avant quatre mois. Cela signifie qu'il
est normal au début d'avoir des pipis à l'intérieur. Certains chiots font
beaucoup plus souvent pipi que d'autres et les accidents sont fréquents. Que le
maître ne s'inquiète pas, le chiot qui se trompe ne régresse pas. L'important
est d'avoir plusieurs fois par jour l'occasion de lui montrer ce qu'il doit
faire. Pris sur le fait en train de chercher un coin tranquille, il est
possible d'interrompre la séquence par un "non" et de transporter
alors le chiot à l'endroit propice. En revanche le maître qui trouve une
souillure ou qui arrive en fin de séquence, ne doit rien dire. Même en montrant
le pipi, il n'arrivera pas à faire comprendre ce qu'il désire au chien. Il doit
se contenter de ramasser, si possible en l'absence du chien qui pourrait alors
chercher à jouer et finirait peut-être par associer les pipis et le jeu. De
plus, il est fréquent que le maître manifeste en nettoyant sa contrariété que
le chien perçoit comme une punition.
Si le chien est adulte, il faut davantage insister sur la nécessité de nettoyer
en l'absence du chien qui, hiérarchisé puisqu'adulte, pourrait lire dans ce
ramassage, des signes d'acceptation et de soumission.
Il peut être utile de créer une association supplémentaire et de prononcer
toujours le même mot au moment où le chien s'exécute (pipi, besoin...) de façon
à pouvoir par la suite commander les mictions (irréalisable à mon avis pour la
défécation). Il faut se garder alors d'utiliser ce mot pour d'autre situation
en demandant par exemple au chiot « tu veux faire pipi ? » alors qu'il réclame
pour sortir. Ce mot doit être prononcé au milieu de l'acte (milieu de la phase
consommatoire). Quand le chiot commencera à être régulièrement propre, il
faudra passer à des récompenses intermittentes puis aléatoires de façon à
ancrer les comportements. Seulement alors, il pourra être utile de parfaire
l'apprentissage en créant des inhibitions. On utilise alors des « punitions »
qui devront intervenir exactement en début de séquences et rester très légères
(voix forte). Un chien bien élevé doit être capable de s'interrompre en cours
d'exécution si son maître le lui ordonne.
Le maître doit être conscient que cet apprentissage même très bien mené
n'empêche pas quelques oublis. La continence n'est parfaite qu'après la puberté
et une erreur ne remet pas l'éducation en cause.
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