Club Canin du Cannet des Maures

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Le chien Hyperactif


Le chien hyperactif

Les chiens concernés par le syndrome d'hyperactivité sont ceux qui ont une activité locomotrice excessive et qui réagissent au moindre stimulus sonore visuel ou tactile. A la fois hyperactifs et hypersensibles, ils "épuisent" leurs maîtres. C'est la raison pour laquelle l'hyperactivité est un motif assez fréquent de consultation chez le vétérinaire.

Les signes cliniques

Pour le vétérinaire praticien, le diagnostic peut être suspecté dès la salle d'attente. Le chien aboie presque sans arrêt les maîtres essaient de le calmer par des mots brefs comme "assis" "tais-toi", "ne bouge plus". En vain. Dans certains cas, même tenu en laisse, il gesticule, saute et parvient à faire tomber les chaises ou la table. Si une gamelle d'eau se trouve dans la salle d'attente, il la renverse, la prend dans la gueule, la promène, la lâche et la reprend. Une minute d'accalmie... pas plus... car la sonnette du cabinet retentit et c'est reparti. Le vétérinaire se demande ce qui se passe et se rend dans la salle d'attente. Le chien lui saute alors dessus, prend les manches de sa blouse, saute sur ses maîtres, saute sur le vétérinaire à nouveau, le mordille au passage... Lorsqu'est venu, le moment d'entrer dans la salle de consultation, le chien tourne autour du bureau de la table de consultation, voire saute dessus, prend dans sa gueule tout ce qu'il trouve par terre. Impossible de poser une question au propriétaire : le chien aboie et plus on lui demande de se taire, plus il aboie. Pour calmer son excitation, on lui donne du papier qu'il déchiquette. L'examen, enfin, relève du marathon car l'animal le considère comme un jeu. On tourne autour de la table pour tenter de l'attraper et... on se fatigue plus vite que lui. Les maîtres décrivent leur animal comme très nerveux, incapable de tenir en place, déchiquetant tout ce qui est à sa portée et pouvant même causer des dégâts. Certains se plaignent aussi de mordillements, voire de morsures soit vis-à-vis d'eux, soit d'autres chiens. Ils peuvent même aller jusqu'à signaler que leur animal est malpropre.

En fait, il s'agit de chiens dont le comportement moteur est hypertrophié : ils ne tiennent effectivement pas en place, sont infatigables. Lorsqu'ils jouent, ils s'excitent très vite et jouer avec eux devient très rapidement impossible. Ils ne contrôlent pas leur mâchoire parce qu'ils n'ont pas acquis ce que l'on appelle "la morsure inhibée". D'où les trous dans les vêtements, voire les morsures. Si les maîtres veulent les sanctionner, ils montrent les crocs. Seules les morsures de chiens de grande taille peuvent cependant être très douloureuses. Les propriétaires peuvent alors considérer leurs animaux comme dangereux. Toute tentative de dressage est un échec car les chiens sont incapables de se concentrer sur une tâche. Certains chiens peuvent aussi avoir des troubles du sommeil : en pleine nuit ils décident de jouer et apportent leur balle. Leur déficit en sommeil peut aller de 30% à 50%. Le jour ils dorment peu. Ils sont hyper vigilants. Une autre particularité est qu'ils ont un seuil de réactivité sensorielle extrêmement bas et qu'ils réagissent donc au moindre stimulus qu'il soit visuel sonore ou tactile.

Ainsi dans la rue ils courent après tout ce qui bouge : les oiseaux les feuilles les joggers… Ils réagissent au bruit de la sonnette ou de l'interphone. Dans ces conditions, recevoir des amis n'est pas facile. Les gens en mouvement stimulent le chien. Et si on l'enferme dans une autre pièce, c'est pire car il gratte à la porte et aboie. Sur le plan alimentaire, c'est un animal qui mange très vite, tellement vite parfois qu'il vomit puis remange. Il est insatiable, voleur de nourriture et ne se gêne pas pour sauter sur la table et se servir même s'il est de petite taille.

Des épisodes de malpropreté sont parfois rapportés : comme un rien le stimule, le moindre bruit peut l'arrêter alors qu'il s'apprête à uriner ou à déféquer. Il peut alors attendre d'être de retour à la maison pour se soulager car il se retrouve dans un milieu peu stimulant. Beaucoup plus rarement, il est noté chez certains chiens des "stéréotypies"(répétitions immotivées, automatiques et inadaptées à la situation de mouvements et d'attitudes), comme par exemple le chien qui tourne autour de sa queue.

Diagnostic

Il s'agit du syndrome hypersensibilité-hyperactivité qui comme nous l'avons vu plus haut est caractérisé par un seuil de réactivité particulièrement bas et une activité motrice exacerbée. Il faut le différencier des sociopathies. En effet, le chien hypersensible-hyperactif inflige des morsures au cours de séquences qui ne sont pas des séquences d'agression. Alors que dans le cas de sociopathies les séquences d'agression sont parfaitement régulées et on retrouve des situations déclenchantes bien précises (agression de dominance hiérarchique et par irritation).

Pronostic

Il est fonction de la gravité et de l'ancienneté des signes cliniques observés. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le chien est soigné durant la période pré-pubertaire. Il est donc préférable de prévenir les propriétaires du handicap que constitue cette maladie face à l'apprentissage de tâches difficiles comme la chasse à l'arrêt la recherche de personnes ou de drogue, l'assistance aux personnes aveugles et rendre éventuellement l'animal à l'éleveur.

Origines/causes

Actuellement, on admet que les conditions de vie du chiot entre la naissance et 3 mois jouent un rôle fondamental. En effet, cette période de développement est déterminante tant pour la mise en place de l'équilibre sensoriel que pour l'acquisition des auto-contrôles comme celui de la morsure. Ainsi, les chiots qui n'auraient pas été assez stimulés durant ces premières semaines de leur vie auraient un développement défectueux dans l'acquisition des mécanismes de contrôle de l'activté motrice.

D'une façon générale, seraient concernés les chiots qui ont été séparés trop tôt de leur mère (vers 5 semaines) puis mis en lot dans l'élevage ou qui ont été acquis trop jeunes par un propriétaire. Il peut aussi s'agir d'un chiot dont la mère est morte.Si on ne note pas de prévalence d'un sexe à l'autre, certaines races, en revanche, sont prédisposées à cette pathologie : les fox-terriers, les bergers belges et allemands, les labradors. Il ne semble pas y avoir de prédisposition génétique. Ce sont essentiellement les conditions techniques d'élevage qui sont en cause : si pour préserver la chienne, certains éleveurs séparent de façon précoce (vers 4-5 semaines) la mère d'avec ses chiots, ceux-ci ne la voient que pour se nourrir. Ils en sont ensuite définitivement séparés à 6 ou 7 semaines. Dans d'autres cas, il s'agit d'une première portée trop nombreuse (plus de 5 chiots). Chez les labradors, les choses semblent différentes : on incrimine plutôt son immaturité car devant la grande demande de chiots de cette race les femelles sont mises précocement à la reproduction. Par ailleurs, le nombre de petits est souvent élevé et les femelles labradors semblent tolérer, au cours de jeux, des niveaux de morsures particulièrement élevés sans réagir.

Traitements

Des médicaments seront systématiquement utilisés afin de diminuer et de favoriser le contrôle de la motricité et d'établir un niveau d'équilibre sensoriel plus élevé. Lorsque le volume global d'activité du chien est redevenu "normal", il faut envisager les thérapies qui visent à associer les éléments de thérapie par le jeu ainsi que l'apprentissage des inhibitions sociales. Le chien doit apprendre à se contrôler au cours du jeu : dès qu'il s'énerve, on stoppe immédiatement. Tout mordillement sera sanctionné. S'il pose la balle, on joue, s'il ne la pose pas, on arrête de jouer. Les jeux de tiraillement sont également interdits. Enfin, le maître doit aussi arrêter de jouer si le chien, lors d'un jeu de balle, présente des phases très rapides de course en tous sens alors que la trajectoire de la balle est rectiligne. Si l'animal essaie de sauter sur ses maîtres, il faudra éviter d'émettre le moindre signal de communication et surtout ne pas agiter le bras afin qu'il ne saute pas dessus et ne morde pas. Il faut faire comme s'il n'existait pas.

Prévention

Comme pour beaucoup de troubles du comportement, il faut bien choisir son élevage. Une fois ce choix fait, ne pas céder à la tentation d'acheter un chiot de moins de 8 semaines. L'idéal étant d'attendre que le chiot ait 10 semaines à condition, bien sûr, qu'il soit en permanence avec sa mère et sa fratrie. Quant au propriétaire, il ne doit accepter ni les mordillements de son chiot, ni les jeux de tiraillements.

Conclusion

Le chien hyperactif et hypersensible - s'il fatigue son maître "ennuie" les autres chiens et mordille - n'est pas pour autant un chien méchant. L'essentiel est de porter un diagnostic précoce car un chien non traité peut voir ses symptômes évoluer vers des troubles anxieux et agressifs.

Dr Vétérinaire Monique BOURDIN - Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort
Article extrait des Dossiers des Bons Maîtres n°19

Merci à Sylvie D. pour cet article !



30/04/2013

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